Avertissement : la lecture de cet article ne vous dispense pas de consulter votre médecin généraliste ou spécialiste (ainsi que votre psychologue) concernant les questions abordées.

La peur et l’anxiété sont des émotions que nous ressentons tous à divers moments de notre vie. Elles peuvent parfois nous bloquer ou du moins, freiner de façon plus ou moins lourde notre élan de vie et notre envie d’avancer. Lorsque l’anxiété devient excessive et interfère avec la capacité d’une personne à mener une vie normale, cela peut être le signe d’un trouble de l’anxiété généralisée (TAG).

Mais quelles sont les causes de ce trouble ? Comment le reconnaître et surtout, comment le soigner ? Dans cet article, je vais tenter de vous donner des pistes. Et si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez bien entendu réserver une consultation avec moi.

Qu’est-ce que le Trouble de l’Anxiété Généralisée (TAG) ?

Le TAG se caractérise par une inquiétude et une anxiété excessives qui persistent pendant au moins six mois et qui sont difficiles à contrôler. Ces inquiétudes peuvent concerner plusieurs aspects de la vie quotidienne comme :

• Le travail
• La santé
• Les finances
• Les relations interpersonnelles (familiales, amicales ou conjugales…)

Contrairement aux peurs spécifiques ou aux phobies, qui sont déclenchées par des situations précises, l’anxiété que l’on retrouve dans le TAG est plus diffuse et omniprésente. Ce trouble touche environ 3 à 6 % de la population à un moment donné de leur vie, avec une prévalence plus élevée chez les femmes.

Les symptômes du TAG selon le DSM-5

Le DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders), qui est le manuel de référence pour le diagnostic des troubles mentaux, décrit le TAG à travers plusieurs critères diagnostiques. Selon ce manuel, pour qu’une personne soit diagnostiquée avec un TAG, elle doit présenter les symptômes suivants :

1. Inquiétude excessive

La personne éprouve des inquiétudes excessives et une anxiété incontrôlable au sujet d’une variété d’événements ou d’activités pendant une période d’au moins six mois.

2. Difficulté à contrôler cette inquiétude

L’individu trouve difficile de maîtriser son anxiété ou de se « raisonner » lui-même/elle-même face à ses préoccupations.

3. Présence de trois ou plus des symptômes physiques suivants

• Agitation ou sensation d’être à bout.
• Fatigabilité accrue.
• Difficulté à se concentrer ou trous de mémoire.
• Irritabilité.
• Tension musculaire.
• Perturbations du sommeil (difficultés d’endormissement, sommeil non réparateur, ou réveils fréquents).

4. Détresse significative

L’anxiété et les symptômes physiques provoquent une détresse ou une altération significative des fonctions sociales, professionnelles ou autres.

5. Pas d’autre explication médicale

Ces symptômes ne doivent pas être dus à une autre condition médicale ou à la consommation de substances.

Comprendre les causes du TAG

Le TAG, comme de nombreux troubles anxieux, est multifactoriel. Cela signifie que plusieurs éléments contribuent à son apparition, notamment :

Facteurs biologiques

Certains gènes peuvent prédisposer une personne à être plus vulnérable à l’anxiété. Des anomalies dans le fonctionnement des neurotransmetteurs, tels que la sérotonine et le GABA, peuvent également jouer un rôle.

Facteurs psychologiques

Les personnes atteintes de TAG ont souvent une tendance à surévaluer le danger potentiel dans diverses situations, ce qui conduit à des inquiétudes excessives. Elles peuvent aussi avoir des schémas de pensée négatifs ou une faible tolérance à l’incertitude.

Facteurs environnementaux

Des événements stressants dans la vie (comme un deuil, une séparation ou des difficultés financières) peuvent déclencher ou aggraver l’anxiété. De plus, un environnement familial anxieux ou surprotecteur durant l’enfance peut également augmenter les risques de développer un TAG à l’âge adulte.

Les impacts du TAG sur la vie quotidienne

L’anxiété généralisée peut avoir des répercussions significatives sur la qualité de vie. Les personnes atteintes de TAG ont souvent du mal à mener à bien leurs activités quotidiennes à cause de l’épuisement mental constant qu’elles ressentent. Elles peuvent également ressentir de l’isolement social, de l’épuisement professionnel (burnout), et des troubles relationnels.

Certaines personnes développent aussi des symptômes somatiques tels que des maux de tête, des douleurs musculaires ou des troubles gastro-intestinaux. Ce qui apporte un effet boule de neige en rendant leur anxiété encore plus difficile à supporter.

Diagnostiquer et évaluer le TAG

Le diagnostic du TAG est réalisé par un professionnel de santé mentale, tel qu’un psychologue ou un psychiatre. Outre l’évaluation des critères du DSM-5, il est crucial d’exclure d’autres troubles anxieux ou des affections médicales sous-jacentes pouvant évoquer les symptômes du TAG, comme l’hyperthyroïdie ou les troubles cardiaques.

Un questionnaire d’auto-évaluation tel que l’échelle d’anxiété de Hamilton (HAM-A) peut également être utilisé pour quantifier le niveau d’anxiété de manière plus objective.

Les traitements du TAG : thérapies et approches

Le traitement du TAG repose sur deux approches principales : la thérapie psychologique et le traitement pharmacologique.

Thérapies cognitives et comportementales (TCC)

La TCC est l’un des traitements les plus efficaces pour le TAG. Elle aide les patients à identifier et à modifier leurs pensées irrationnelles ou catastrophiques, qui alimentent l’anxiété. À travers des techniques de relaxation et de restructuration cognitive, les patients apprennent à gérer leur stress et à réduire leurs inquiétudes.

Pharmacothérapie

Dans certains cas, les médicaments peuvent être recommandés, notamment lorsque l’anxiété est sévère et interfère avec le quotidien. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), comme la sertraline ou l’escitalopram, sont fréquemment utilisés. Les benzodiazépines, bien qu’efficaces à court terme, sont généralement évitées en raison de leur potentiel d’addiction.

Techniques de gestion du stress

D’autres interventions telles que la méditation, la relaxation progressive, et la pleine conscience (mindfulness) sont également efficaces pour réduire les symptômes anxieux. L’exercice physique régulier peut également contribuer à améliorer l’humeur et réduire les tensions liées à l’anxiété.

Conseils pratiques pour mieux gérer le TAG au quotidien

Pour les personnes atteintes de TAG, il existe plusieurs stratégies que les psychologue recommandent à leurs patients pour mieux vivre avec leur anxiété :

1.Tenir un journal

Écrire ses pensées permet de les clarifier et de mieux comprendre les déclencheurs de l’anxiété. Cela peut également aider à identifier des schémas de pensées excessivement négatives. Si vous décidez de commencer un journal de pensées, vous pouvez bien entendu en parler avec votre psychologue. Son contenu pourra servir de référence lors de votre thérapie. Surtout si les pensées que vous y avez consignées sont répétitives.

2. Apprendre à tolérer l’incertitude

L’une des principales sources d’anxiété chez les personnes atteintes de TAG est la peur de l’inconnu. Il est important d’apprendre à accepter que l’incertitude fait partie de la vie et qu’il est impossible de tout contrôler. La capacité à faire la différence entre ce que vous pouvez changer et ce qui est hors de votre contrôle contribuera grandement à l’amélioration de votre anxiété. Un travail d’acception peut être réalisé avec l’aide de votre psychologue.

3. Créer une routine de relaxation

Encourager les patients à pratiquer des activités relaxantes telles que la respiration profonde, le yoga ou la méditation peut les aider à réduire les tensions quotidiennes. Le web regorge de vidéos proposées par des professionnels de la santé. Certaines sont réalisées par des psychologues ou des psychiatres spécialisés dans la relaxation ou la méditation. A titre d’exemple, je recommande les vidéos de méditation guidée de Christophe André.

4. Établir un équilibre travail-vie personnelle

Le stress professionnel est souvent un facteur aggravant du TAG. La psychologie de la santé a identifié le profil de personnalité de type A comme étant particulièrement anxieux. Ce profil a été décrit par Meyer Friedman et Ray Rosenman dans les années 1970. Ce type de personnalité était considéré comme facteur de risque cardio-vasculaire. Le/la psychologue encouragera donc ses patients à prendre des pauses régulières, à déléguer lorsque cela est possible et à établir des limites claires entre le travail et la vie privée.

L’espoir d’une meilleure gestion de l’anxiété

Lorsqu’on en est atteint ou quand un de nos proches en souffre, le trouble de l’anxiété généralisée peut sembler accablant. C’est particulièrement le cas s’il est accompagné d’attaques de panique (crises d’angoisse). Mais il est important de rappeler aux patients qui en souffrent qu’il existe des traitements efficaces. Avec une thérapie adaptée telle que la thérapie comportementale et cognitive et des stratégies de gestion du stress, les personnes atteintes de TAG peuvent retrouver une qualité de vie meilleure. Dans certains cas, une prise en charge médicale sera nécessaire. La prise de médicaments viendra en soutien à la thérapie.

Si vous avez des symptômes similaires à ceux que j’ai décrits ans cet article, parlez-en à votre médecin traitant pour avoir son avis. Ensuite revenez vers moi si vous pensez que je peux vous aider. Je vous proposerai un suivi thérapeutique adapté (comptez entre 10 et 15 séances).