Depuis avril 2019, le gouvernement fédéral finance des suivis psychologiques de première ligne. Après plus de deux ans de fonctionnement, le constat était positif : de plus en plus de personnes font appel à des psychologues conventionnés par l’INAMI. Un refinancement a donc été proposé par le Ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke. Dès janvier 2022, le système de remboursement a revalorisé le travail des psychologues conventionnés. Il a également permis sa diversification. Explications.

Les suivis psychologiques de première ligne peuvent avoir lieu sans prescription médicale

Avant la réforme, toute personne se présentant devant un.e psychologue conventionné.e devait apporter une prescription médicale. Le médecin traitant avait la possibilité de prescrire un suivi psychologique aux patient.e.s souffrant de :

• Dépression légère à modérée
• Troubles anxieux
• Alcoolisme

A présent, toute personne ressentant un mal-être peut s’adresser à un.e psychologue sans que le médecin ne doive proposer de diagnostic. Ce sera à la/au psychologue d’en proposer un au terme de 8 (pour les adultes et les adolescents à partir de 15 ans) ou 10 (pour les enfants, adolescents et jeunes adultes de 0 à 23 ans) séances maximum. Si nécessaire, les psychologues ayant également souscrit à une convention pour les soins spécialisés pourront poursuivre les séances avec le patient pour un nombre maximum de 20 séances supplémentaires par an. Généralement, c’est le cas lorsqu’une pathologie, tels qu’un épisode dépressif majeur ou des troubles anxieux, envahit le patient dans sa sphère privée mais aussi professionnelle ou scolaire. Si ces difficultés n’ont pas pu être surmontées au cours des 8 séances de première ligne, la/le psychologue peut donc proposer au patient d’entamer un suivi spécialisé.

A noter que le passage vers les soins spécialisés fera l’objet d’un « bilan fonctionnel ». Il est généralement rempli par le psychologue en séance, en accord avec le patient. Ensuite, il est transmis au médecin qui y appose sa signature au côté de celle du/de la psychologue mais aussi celle de la/du patient.e.

Comment se déroule une séance de psychologie de première ligne ?

Les questions administratives d’abord

Durant la première séance, la/le psychologue passe en revue les aspects administratifs avec la/le patient.e. Il lui demande une vignette de mutuelle ou son numéro national afin de pouvoir l’encoder dans le système qui permettra au professionnel conventionné, disposant d’un numéro INAMI, de facturer un complément d’honoraires au niveau fédéral. Ses coordonnées ainsi que le nom de son médecin traitant lui seront également demandés.

Un accueil chaleureux

Si la/le psychologue fait bien son travail, elle/il fera son possible pour vous accueillir dans de bonnes conditions en veillant à vous mettre à l’aise. Pour ma part, je reçois tous mes patients dans un cadre bienveillant, avec chaleur et empathie. Le non-jugement est également une qualité primordiale de tout.e psychologue. Si vous recevez une remarque ou une critique désagréable, ce n’est pas normal ! Vous êtes bien entendu libre de changer de psychologue. Si la/le second.e psychologue est également conventionné.e, n’oubliez pas de le signaler afin que vous puissiez l’informer du fait que vous avez déjà bénéficié d’une séance gratuite (voir l’article sur les aspects financiers du suivi psychologique de première ligne).

Le cadre de travail de la/du psychologue

Un autre aspect très important qui rythmera les rencontres est le cadre que la/le psychologue demandera au patient de respecter. Par exemple, la politique d’annulation : la/le praticien.ne demande à la/au patient.e de prévenir au minimum 48 heures à l’avance en cas d’empêchement. Cela permet ainsi à un.e autre patient.e qui est sur une liste d’attente de prendre sa place. Les annulations tardives ou les « no show » (quand la personne ne se présente pas au rendez-vous et ne prend pas la peine de prévenir de son absence) entraînent pour la/le psychologue une perte financière importante. En effet, les psychologues conventionnés ne peuvent malheureusement pas facturer une consultation à l’INAMI si un.e patient.e ne vient pas. C’est la raison pour laquelle une indemnité de 30€ vous sera généralement demandée. Celle-ci devra être versée avant la prise du rendez-vous suivant, sous peine d’annulation.

Ensuite on entre dans le vif du sujet… mais pas trop vite !

Pour ma part, lorsque la personne semble ressentir une émotion intense due au simple fait de se retrouver devant une psychologue et de devoir s’exprimer sur ce qui la touche, je commence par lui parler de tout et de rien. Par exemple, je lui demande :

• Que pense-t-elle de la météo ?
• A-t-elle trouvé ma maison facilement ?
• N’a-t-elle pas trop chaud ou trop froid dans mon cabinet ?
• Que pense-t-elle du cadre et des cadres (j’ai refait toute la déco de mon bureau en août 2023 !)?
• Aime-t-elle les chats ? Ici je fais référence au 3 chats femelles qui squattent parfois mon bureau, aussi appelées « Brelan de dames ». N’y est-elle pas allergique ou phobique (rires, quoique l’une de mes patientes l’était) ?
• Etc. Etc.

Bref, j’essaie de dédramatiser en ramenant la personne sur terre, c’est-à-dire en l’incitant subtilement à s’éloigner un instant des émotions fortes qui surgissent. Parfois sans qu’elle ne s’y attende…

Et puis, en général… ça va tout seul

La suite dépend de la/du patient.e mais aussi bien entendu de la/du psychologue qu’ils ont en face d’eux. Certains viennent avec les pieds de plomb (je parle des patient.e.s). Généralement les ados envoyés par leurs parents ou les hommes envoyés par leur femme. Condition pour qu’elle/il puisse rester à la maison ou pour que le couple puisse perdurer. Ceux-là en général ne font pas beaucoup de séances. Je les repère assez vite donc je leur pose la question : « avez-vous vraiment envie d’être ici ? ». C’est ce qu’on appelle travailler la demande. Et si vous voulez en savoir plus, contactez-moi !

Bon je vais m’arrêter là pour ce soir parce qu’il se fait tard. Je vous reviendrai dans d’autres articles.

A bientôt,

Catherine de Voghel

Votre psychologue… si vous le voulez vraiment et si j’ai encore de la place 😉